LE PROJET DE FERME EN COLLECTIF

 

La démarche

Depuis juillet 2016 on est trois porteurs de projet à construire ensemble la ferme de nos rêves : Hugo Carton, Gaspard Recoing et Margaux Bounine-Cabalé (cf. l’article « La petite histoire de la ferme de Marcillac »).

Derrière notre démarche il y a la volonté de s’épanouir professionnellement mais aussi le désir de changer de vie, de se rapprocher de la nature, de viser l’autonomie alimentaire, de créer notre « oasis de vie » pour reprendre le terme des Colibris.

Le collectif

On est conscients que pour se former complètement aux métiers de la terre il faudrait des dizaines d’années… Sans compter que travailler avec la nature, sans produits chimiques, c’est complexe !

En cela c’était presque incontournable pour nous de s’installer en collectif : chacun peut mettre à profit ses compétences et savoirs / savoir-faire spécifiques. Sans compter qu’il y en a toujours un pour remotiver les autres, pour avoir une idée lorsque l’on butte sur un problème. 
Être à plusieurs nous permet de nous ouvrir à de nouveaux
horizons : si j’avais monté ce projet seule je me serai limitée à une activité de maraîchage alors que grâce à notre association avec les garçons j’ai également la perspective de pouvoir co-construire un projet de verger permacole, un projet d’élevage de poules pondeuses etc. Sans compter que les tâches quotidiennes sont beaucoup plus agréables lorsqu’on les fait à plusieurs.

On est également conscients des difficultés qu’engendrent la gestion en collectif, la vie en collectif. On a déjà été confrontés aux problèmes liés au manque de communication, aux peurs individuelles, aux frustrations liées aux personnalités de chacun etc. Pour le moment chaque difficulté de groupe rencontrée nous a permis d’aller plus loin, de nous dépasser, de mieux nous connaître. On espère que c’est ce qui se passera également à l’avenir.

En attendant on s’arme d’outils aussi géniaux qu’innovants comme ceux donnés dans le « MOOC Gouvernance partagée » porté par l’Université des Colibris et l’Université du NOUS ; que l’on a suivi tous les trois.

Le lieu

Nous sommes installés à Belvès, un magnifique village du Périgord Noir situé dans le sud de la Dordogne.

François et Sophie les parents d’Hugo nous ont mis à disposition une parcelle d’un 1,3 hectares du lieu-dit Marcillac pour notre activité maraîchage. Une autre parcelle du hameau (1,5 ha) sera dédiée au verger permaculturel.

Avec Hugo nous habitons sur le lieu-dit Pascal qui jouxte les terrains de Marcillac. Une prairie de 2 hectares est accolée à notre petite maison. Nous projetons d’y tester le sylvopastoralisme et plus précisément d’y planter des vergers peu denses et d’élever nos poules pondeuses sous les arbres nourriciers ! Mais dans un premier temps il va nous falloir amender cette prairie avec du fumier et du broyât de bois pour booster le taux de matière organique du sol et faciliter la pousse de nos futurs petits arbres.

Nous publierons très bientôt un premier design du site : un plan avec identification des différents projets. 

Le projet de micro-ferme inspirée de la permaculture

Le terme de micro-ferme est apparu récemment ; Linda Bedouet dans son ouvrage « Créer sa micro-ferme » le définit comme ceci :

« Il s’agit d’une ferme cultivant en bio voire en agroécologie (intégrant une résilience en termes d’énergie utilisée, préservant la biodiversité et favorisant le développement d’écosystèmes équilibrés), de petite taille (autour d’un hectare cultivé par actif), commercialisant en circuits courts, avec une grande diversité de cultures, visant l’autonomie et associant le projet de ferme à un projet de vie. »

Cette notion a émergé en contrepied d’un certain modèle d’exploitations agricoles industrielles qui ont remplacé l’homme par les machines, se sont orientées vers de la monoculture à grande échelle et font généralement peu de cas de l’environnement et de la santé des sols.

La micro-ferme, en produisant beaucoup sur de petites surfaces cultivées majoritairement à la main, présente au contraire de multiples avantages :

« Elle favorise la sécurité alimentaire et l’autonomie énergétique des territoires, contribue à la santé des personnes en produisant durablement des aliments biologiques de qualité, crée des emplois et du lien social, restaure les paysages, améliore les sols et préserve les nappes phréatiques, protège la biodiversité, contribue à la stabilisation du climat en stockant du carbone… » (Extrait de la présentation de la Formation « La microferme permaculturelle » de la ferme du Bec Hellouin)

Le design en permaculture de la microferme de La Bourdaisière

Source : La boîte à outils de Fermes d’avenir, dossier thématique sur le design en permaculture

En ce qui nous concerne nous sommes en train de créer une micro-ferme composée de plusieurs pôles dont la réalisation s’échelonnera sur plusieurs années :

  • Septembre 2018 : pôle maraîchage diversifié ;
  • Mars 2019 : pôle élevage de poules pondeuses ;
  • Décembre 2019 : lancement du pôle arbres fruitiers avec la plantation du verger permacole ;
  • Janvier 2020 : pôle transformation des aliments.

Notre objectif est de mettre en place d’ici 2020 une ferme fonctionnelle et rentable en polyculture élevage sur près de 5 hectares. On aimerait à terme proposer aussi bien des légumes que des œufs, des fruits et petits fruits, des micro-pousses, des fleurs comestibles et des produits transformés (jus, confitures, sauces etc.).

Telle est notre ambition. Mais pour y arriver il faut encore que l’on remplisse nos objectifs de l’année !

Les objectifs 2018

  1. La validation du diplôme agricole d’Hugo et Gaspard : le BPREA de Périgueux (smiley geek) ;
  2. La mise en place des premières structures de la ferme (on est venus à bout des clôtures contre chevreuils et sangliers, on dort à côté des semis, on a bientôt terminé de monter notre serre à semis & tomates de 150 m2, on essaie de dompter la prairie sous des montagnes de paille et des centaines de mètres carrés de bâches, on aimerait agrandir notre cabanon pour créer un vrai lieu de stockage de matériel, on hésite à troquer la tondeuse contre des moutons) ; 
  3. Une production estivale suffisante pour viser l’autonomie en légumes du hameau (on reviendra prochainement sur nos galères de débutants) ; 
  4. Nous faire connaître grâce à nos futures ventes de beaucoup beaucoup de haricots verts nains (on s’apprête à semer près de 2km linéaires de haricot vert ; oui oui on compte tester notre motivation à devenir maraîchers avec ce point 4.) ; 
  5. La finalisation de notre business plan et le montage de notre entreprise agricole.

Le maraîchage sur Sol Vivant

Nous avons pris le parti de travailler le sol au minimum et de le couvrir plutôt que de le retourner. Comme nous démarrons notre projet sur une prairie cela présente plusieurs avantages :

  1. Transformer la prairie en un sol prêt à être cultivé : grâce à l’action des bâches ou du paillage les herbes ne reçoivent plus la lumière nécessaire à leur développement et finissent par se dégrader avant d’être transformés par les micro-organismes du sol en un humus propice aux cultures au bout de 6 à 12 mois ; 
  2. Préserver la vie du sol, si précieuse au bon développement de nos cultures ; 
  3. Limiter les désherbages quotidiens sur les planches de culture ; 
  4. Aggrader le sol (en le recouvrant de paille et de broyat on lui apporte de la matière organique et on l’enrichit par ce biais) ; 
  5. Mieux conserver l’humidité pour moins arroser. 

Mais aussi quelques inconvénients :

  • Le coût de la matière organique ; 
  • L’apparition du liseron (plante invasive) ; 
  • Et… on espère que les inconvénients s’arrêteront ici.

Plus d’informations sur les techniques de Maraîchage Sol Vivant : http://maraichagesolvivant.org 

La démarche biodiversité

« Depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, l’intensification de l’agriculture a fait disparaître de nombreux éléments fixes du paysage (haies, arbres hors forêt, bosquets, bords de champs, mares…) conduisant à un appauvrissement de la biodiversité fonctionnelle et donc du niveau de services écologiques rendus » (Étude de Véronique Sarthou, ingénieure agronome fondatrice du cabinet de conseil Syprhys Agro-Environnement).

La présence et la richesse de la biodiversité ont une influence directe sur la productivité d’un écosystème, sur la régulation des ravageurs, sur la régulation du climat, sur la capacité d’infiltration de l’eau etc.

C’est pour toutes ces raisons abordées brièvement que nous avons décidé de participer au programme OAB « observatoire agricole de la biodiversité » . Il s’agit de démarches volontaires d’observation de la biodiversité par les agriculteurs. On s’est lancé sur tous les programmes qu’ils proposent pour apprendre à mieux connaître les vers de terre, les invertébrés terrestres (limaces, les carabes), ainsi que les pollinisateurs sauvages (abeilles solitaires et papillons) présents sur notre parcelle et pour identifier si nos pratiques leur sont favorables au fil des années.

Ah oui et j’oubliais : Jean-Paul Secrestat apiculteur depuis près de 40 ans (qui vend son miel au magasin de producteur de notre village) a posé six de ses ruches à abeilles noires (originaires de la région) sur le terrain ! #happycultors

Pour en savoir plus

Vous trouverez plus d’informations en cliquant sur les liens suivants

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