9e étape de mon tour de France : C’est dans la famille Chevarin que je m’initie à l’apiculture.
Dans cette vidéo de quatre minutes vous découvrirez l’univers du Rucher des Radis ainsi que les réponses de Jérôme à mes questions « enfantines ».
Aucune honte à l’admettre : avant que je ne rencontre Jérôme sur les bancs du M2 BIOTERRE de La Sorbonne je ne savais plus répondre à ces questions :
- 1. À quoi sert la pollinisation ?
Jérôme a commencé à travailler avec les abeilles pour que ses arbres fruitiers donnent des fruits. Parce que oui (autre information qui m’avait échappée) sans le travail gratuit des insectes pollinisateurs 80% des fleurs ne seraient pas fécondées et ne donneraient pas de fruits.
Un documentaire passionnant « Le silence des abeilles » de Doug Shultz (2007) diffusé sur « National Géographic » (2008) a mis en évidence les difficultés qu’entraîne la disparition des abeilles dans une province de Chine où les paysans – pour sauver leurs productions de poires – ont été obligés de polliniser à la main. (Cf. un extrait ici)
En effet dans cette région abeilles et autres insectes pollinisateurs ont totalement disparu depuis les années 1980 du fait de l’utilisation non contrôlée de pesticides. Le coût du travail à fournir pour remplacer les abeilles est énorme : pour les Etats-Unis par exemple il a été estimé à 90 milliards de dollars par an et ne prend pas en compte les nombreux autres impacts négatifs liés à la disparition des abeilles.
On oublie trop souvent que : « sans les abeilles, les plantes à fleurs n’existeraient pas et sans les plantes à fleurs, il n’y aurait pas d’abeilles […] On parle d’espèces animales « clés de voûte », c’est-à-dire qu’elles assurent l’équilibre écologique de l’ensemble des écosystèmes. Ainsi, leur seule extinction peut aboutir à la disparition en cascade de nombreuses autres espèces et à la déstabilisation des écosystèmes et agrosystèmes » Extrait issu du mémoire de fin d’études de Jérôme Chevarin, LES ABEILLES : « EXHAUSTEURS » DE BIODIVERSITE…OU EFFET BUZZZZ !?.
- 2. En quoi la ruche est-elle liée à son environnement ? En quoi la santé de la ruche et la qualité de son miel sont-ils dépendants de l’écosystème où est installée la ruche ? Combien de kilomètres sont parcourus par les abeilles pour produire un kilo de miel ? De quoi a besoin l’abeille pour vivre ? Dans quel milieu installer ses ruches ? (cf. vidéo à la minute 1’18)
- 3. Une ruche c’est comme une ville où peuvent cohabiter plus de 50 000 abeilles lors des grandes miellées. Comment s’organisent-elles pour vivre au sein de la ruche ? (Cf. min 2’52)
- 4. Pourquoi les produits de la ruche sont-ils si bons pour l’homme ?
Comme le dit Jérôme « la ruche est le reflet de son environnement ». Plus l’environnement des abeilles est sain et plus les produits de la ruche seront « bénéfiques » pour la protection de la ruche (protection contre certains virus, maladies, protection de la ruche contre le froid l’hiver etc.).
Plus précisément, Jérôme me racontait :
« L’abeille est un insecte génétiquement « pauvre », c’est-à-dire très sensible aux maladies et il est très étonnant qu’elle ne soit pas plus attaquée que ça par les virus et bactéries. Parce qu’à l’intérieur d’une ruche il fait à peu près 60 – 70% d’humidité avec 35°C de température constante ; c’est un milieu très favorable au développement des maladies. Et pourtant la ruche se défend – non au niveau de l’individu mais de la colonie – et notamment grâce à la propolis (les abeilles récoltent la matière première sur les bourgeons et la ramènent à la ruche). Cette dernière constitue la « protection de la ruche », sa 2e peau, son médicament. C’est un produit anti-viral, anti-fongique, anti-bactérien. Ce qui est bon pour la ruche peut être bon pour les hommes ; on connaît les vertus de la propolis depuis l’Antiquité. »
- 5. Pourquoi est-il plus difficile d’être apiculteur aujourd’hui ?
La réponse est unanime, de la bouche de Jérôme et d’autres apiculteurs tels que Rodolphe (un ami avec qui je suis la formation « Agriculture bio et filières » à la ferme de Sainte Marthe).
« Le métier d’apiculteur a beaucoup évolué par rapport à nos grands-parents. Avant il y avait beaucoup moins de maladies et puis bien sûr il n’y avait pas les pesticides. L’abeille est un insecte or les insecticides sont là pour empoisonner les insectes. Le métier est devenu plus compliqué, plus incertain, plus technique » me racontent-ils.
C’est difficile d’admettre que notre système détruit ce qui évolue pourtant en symbiose depuis des millénaires. Comme le disait Jean-Marie PELT :
« On mesure, en observant comparativement l’anatomie des fleurs et des insectes qui les fécondent, l’effort adaptatif mutuel qu’ont dû faire les uns et les autres pour réussir leurs noces. Entre eux, des collaborations toujours plus fines, plus élaborées, ont été mises en œuvre et améliorées au fil des millénaires ». Jean-Marie PELT, botaniste-écologiste, fondateur de l’Institut Européen d’écologie (Metz).
- 6. On attribue à Einstein le constat suivant « Si les abeilles vennaient à disparaître l’humanité n’aurait plus que quelques années à vivre ». Jérôme est-ce que tu vois une lueur d’espoir dans notre cohabitation avec les abeilles ?
Jérôme n’a pas seulement de l’espoir ; il est – avec sa famille – comme le colibri de Pierre Rabhi qui fait sa part à son échelle.
Pour moi Jérôme est un pollinisateur de territoire. Oui cela ne veut officiellement rien dire mise à part que pour moi il « butine » localement, à son échelle, beaucoup de fleurs et que cela porte ses fruits.
Ce sont des centaines de personnes que Jérôme a touchées en parlant d’apiculture ou en faisant déguster ses différents miels :
- À travers une action pilote co-montée au sein du groupe de BTP dans lequel il travaille à la protection de l’environnement depuis une dizaine d’années : l’installation de ruchers sur plusieurs sites du réseau autoroutier.
- Grâce aux cours qu’il donne à des futurs apiculteurs ou à des étudiants porteurs de projets de ce fameux master BIOTERRE de l’Université Paris I Panthéon Sorbonne.
- En étant investi au GDSA 63, le Groupement de Défense Sanitaire Apicole du Puy de Dôme, dont la mission est notamment de conseiller les apiculteurs pour améliorer l’état sanitaire de leurs ruches.
- Par sa présence sur le 1er marché local paysan « Les vendredi du terroir » de Saint-Hilaire-la-Croix, au beau milieu de l’enceinte en pierre du site prieural du Lac Roy ; une belle alternative au développement de grandes surfaces ainsi qu’un réel vecteur de lien social !
- En commercialisant ses produits aux abonnés de La Ruche qui dit Oui situés à quelques kilomètres des Radis.
- En ayant accepté d’être intégré à la box « le coffret des agricoolteurs » réalisée par la super team de « Dream Act » pour me soutenir dans mon projet de tour de France. D’ailleurs pour les gourmands la box est toujours en ligne !
Pour ma part – grâce à tous ces beaux moments passés aux côtés de Jérôme, Laurence, leurs filles et leurs amis – une chose est sûre : je suis une apicultrice amateur en devenir !
Il est hors de question que mon projet de ferme inspirée de la permaculture n’ait pas la chance d’accueillir des abeilles & autres milliards d’insectes bénéfiques.
Merci encore pour tout ce que vous m’avez transmis & à très bientôt !!